NOËL AU CRÉPUSCULE - HISTOIRE DE NOËL Partie 2
- Naëlle BURGONDE
- 24 déc. 2018
- 6 min de lecture
Deuxième partie de NOËL AU CRÉPUSCULE, retrouvez Taïga et Thémis

C’était la nuit de Noël, Taïga avait emmené Thémis en balade à travers la forêt qui appartenait à sa propriété. La lune et les étoiles se reflétaient sur la neige et éclairaient leur chemin.
— Ça va, tu n’as pas trop froid ? s’inquiéta Taïga.
Il avait bien conscience qu’à une heure du matin un vingt-cinq décembre, la température était glaciale. Lui-même n’était pas frileux, contrairement à Thémis, mais il sentait avec intensité la morsure de l’air sur son visage.
Son Tigre en lui n’était pas content et s’agitait. Quelle importance de faire une belle surprise à leur compagne, s’ils la rendaient malade ?
— J’ai froid, sourit Thémis en remontant son écharpe sur son nez. Mais, la marche me réchauffe.
Et puis, elle était bien couverte. Quand son compagnon lui avait parlé de ses projets d’expédition en extérieur, elle avait veillé à s’habiller chaudement.
— Vas-tu me dire pourquoi tu m’as attiré dans les bois à une heure pareille ? fit-elle en resserrant sa prise sur le bras du vampire. Tu ne peux pas avoir déjà envie de te débarrasser de moi ?
Elle plaisantait bien sûr, mais les yeux du Tigre flashèrent.
— Ne dis pas de conneries ! gronda-t-il d’un ton rude.
Taïga et son Tigre se sentaient tous les deux atterrés à l’idée que leur compagne pouvait craindre le moindre mouvement de violence de leur part. Ils n’oubliaient pas qu’ils paraissaient menaçants, tant aux yeux des humains qu’à ceux des membres de leur propre espèce.
Consciente d’avoir malencontreusement bouleversé son compagnon, Thémis s’empressa de s’excuser.
— Je ne voulais pas te blesser, pardonne-moi. Juste te taquiner.
Taïga soupira et embrassa le sommet de son crâne recouvert d’un bonnet blanc. Il n’était pas encore complètement habitué au sens de l’humour de sa compagne. Il allait lui falloir un peu de temps pour s’ajuster. Il précisa tout de même afin d’être parfaitement clair et pour apaiser l’agitation de son Tigre :
— Aussi en colère que je puisse être, jamais je ne souhaiterai ta mort, ni te blesserai volontairement.
Son ton était mortellement grave.
— Je sais, lui assura Thémis avec une certitude inébranlable. Je ne resterai pas avec quelqu’un que je considérerai comme une menace potentielle pour moi.
Elle ajouta avec malice, pour le détendre :
— Sam ne le tolérerait pas.
— Ça, c’est sûr !
Taïga avait rapidement réalisé que le jumeau de Thémis avait des pulsions protectrices dignes d’un Tigre quand il s’agissait de sa sœur.
Le rire de Thémis sonna cristallin dans l’air nocturne.
— Noël, pour moi, ce n’est pas important, contrairement à toi, commença-t-il à s’expliquer.
— C’est normal, tu n’es pas d’origine occidentale et dans ton enfance cette coutume n’existait pas, remarqua Thémis. Mais, si tu as une fête de ton enfance ou une coutume familiale que tu veux célébrer avec moi, il ne faudra pas hésiter à me le dire.
Taïga fut surpris par cette paisible acceptation des faits et l’offre spontanée de sa compagne. Cela lui procura une onde de plaisir et de contentement insoupçonnées.
— Nous fêtions le solstice d’hiver avec ma famille, se rappela-t-il. Mais, le rituel était différent. Nous ne faisions pas d’échange de cadeaux, alors je n’avais rien à t’offrir pour Noël.
— Tu as tort, rétorqua tranquillement Thémis. Tu m’as sauvé la vie et tu m’as ramené Sam, sain et sauf. Pour moi, ça vaut tous les cadeaux de Noël du monde.
Taïga se figea tandis que le Tigre en lui émettait un grondement de victoire.
— Tu as autant contribué au sauvetage de Sam que moi ou mes frères d’armes, la contra-t-il en déposant un bref baiser sur sa joue.
Sa bouche était dissimulée sous des couches de laine.
— Mais, peu importe, enchaîna-t-il en voyant qu’elle s’apprêtait à parler. Je voulais faire quelque chose pour toi.
Il l’entraîna jusqu’au bout du chemin qui débouchait sur un petit étang entièrement gelé. La vue était à couper le souffle. La neige luisait doucement à la lumière du ciel nocturne. Thémis remarqua une petite table de jardin et des chaises installées sur la bordure toute proche de l’étang. Une paire de patin dans leur boîte était posée sur la table à côté d’une lampe tempête qui brillait d’une chaude lumière.
— Taïga ? souffla-t-elle enchantée par ce qu’elle devinait.
— Tu m’as dit que tu aimais patiner, expliqua son compagnon.
— Et, tu sais patiner, toi ? souffla Thémis.
L’hybride haussa les épaules.
— Gerfo m’a appris quand j’étais jeune. Drâkknil aussi. Gerfo m’a déjà fait participer à des matchs de hockey inter-clans.
Thémis n’avait aucun mal à imaginer le Tigre charger ses adversaires pour les écarter du chemin.
— Et, tu vas patiner avec moi ?
Taïga acquiesça de la tête.
Thémis lui sauta au cou avec un cri de joie. Le Tigre en Taïga ronronna son plaisir, heureux d’avoir contenté leur compagne.
C’était la nuit de Noël, la lune et les étoiles baignaient de lumière le petit étang gelé où Thémis tourbillonnait et sautait joyeusement autour de Taïga. Elle avait conscience que ses flips et ses Lutz étaient loin d’être parfaits, mais elle s’amusait.
A ses côtés, Taïga patinait presque paresseusement, mais Thémis n’était pas trompée par cette apparente indolence. Son compagnon maîtrisait la glisse et son coup de patin était puissant. Thémis le soupçonnait de se retenir pour rester à sa hauteur.
Elle renversa la tête en arrière et sourit aux étoiles. C’était un peu idiot de sa part, sûrement, mais elle se sentait si heureuse en cet instant. Ses cadeaux de Noël avaient fait plaisir à son compagnon. Elle lui avait offert un porte-clé en or représentant un tigre, qu’elle avait elle-même réalisé à l’époque où ils ne faisaient que se croiser occasionnellement, et la copie d’un petit carnet de voyage rédigé par un poète perse qui avait exploré le Moyen-Orient et l’Occident au Xème siècle.
Elle avait alors découvert que Taïga avait appris à lire et écrire tardivement. A l’époque de sa naissance l’écriture n’était pas très répandue, la transmission orale prévalait. Cela lui avait rendu ce savoir durement acquis – en cinq langues – d’autant plus précieux. Il lisait peu, mais intensément, et surtout des récits de voyages ou portant sur d’autres cultures.
Taïga avait rangé le porte-clés dans la poche de son blouson et glissé le carnet de voyage, soigneusement enveloppé, dans son sac à dos.
Le regard de Thémis glissa sur son compagnon, perdu dans ses pensées. Soudain, elle décida de mouvementer cette sublime nuit et d’arracher son homme à son humeur contemplative.
C’était la nuit de Noël, Taïga patinait tranquillement savourant la nuit paisible sous les étoiles avec sa compagne, heureux d’avoir vu des étincelles de plaisirs briller dans ses yeux. Son Tigre ronronnait de contentement, une vibration continue et ininterrompue, quand, soudain, leur monde explosa. Cela prit la forme d’une boule de neige glacée qui s’écrasa dans leur cou.
Un rugissement indigné lui échappa. Un rire joyeux, un brin moqueur, retentit.
— Alors, le Tigre ? fit Thémis en faisant sauter une boule de neige dans sa main gantée. On se sent d’humeur joueuse ?
S’il ne l’était pas cinq secondes plus tôt, l’étincelle dans le regard de sa compagne et la note de défi dans sa voix avaient éveillé tout son intérêt et celui de son Tigre.
Il rugit et, pour le spectacle, en rajouta un peu. La vibration fit chuter de la neige des arbres. Thémis commença à patiner en arrière. Elle rigolait.
— Ça, c’était un sacré rugissement, ils ont dû t’entendre jusqu’aux Champs-Elysées. Tu as même réussi à effrayer Sam ! J’ai dû le rassurer.
Taïga devina qu’à travers le lien gémellaire, Thémis avait perçu l’inquiétude de son jumeau et qu’elle l’avait tranquillisé de la même façon.
— Il s’en remettra, rétorqua Taïga en commençant à patiner lentement.
Il savait que ses yeux brillaient comme une guirlande de Noël, mais il ne pouvait en réprimer la lueur. Son Tigre était complètement partant pour ce jeu aux allures de chasse.
Thémis rit et pencha la tête de côté. Elle avait abaissé son écharpe et son haleine faisait de la buée dans l’air glacé.
— Attrape-moi, si tu peux, mon Tigre ! fit-elle en lançant sa boule de neige.
Elle atterrit droit sur l’épaule de Taïga envoyant, à nouveau, des éclats glacés dans son cou. Il s’ébroua et bondit en avant. Thémis s’était déjà promptement retournée pour accélérer, un cri strident de peur enchanté aux lèvres. Le combat fut bref et intense.
— Tu as triché ! s’indigna Thémis. Tu as utilisé ta vitesse surhumaine pour m’attraper !
— J’ai gagné ! la contra Taïga la voix rauque en resserrant sa prise sur elle. Tu savais que j’étais rapide quand tu m’as défié. Maintenant, embrasse-moi !
Thémis ne pouvait contrôler son rire. Elle soupçonnait fortement qu’il n’était pas dans son tempérament de faire semblant de perdre. Le sauvage n’était même pas essoufflé par leur course, contrairement à elle, songea-t-elle en plongeant son regard dans celui lumineux du Tigre. Elle encadra son visage de ses mains.
— Si tu étais mon ennemi, tu serais étendu KO sur la glace.
— Je ne suis pas ton ennemi.
— Je sais, sourit Thémis. Joyeux Noël, mon amour.
Taïga eut juste le temps de souffler « A toi aussi, mon cœur » avant qu’une délicieuse bouche recouvre la sienne.
Rendez-vous demain pour découvrir la suite.

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